Le besoin de reconnaissance au travail est essentiel au même titre que les signes de reconnaissance dans la vie privée.
Depuis notre naissance, nous nous nourrissons de la présence, de l’affection de nos parents, ou de personnes qui prennent la place de nos parents si ces derniers sont absents. Cette affection est primordiale pour le développement de notre cerveau.
Une expérience malheureuse (dans les années 1960 par Harry Harlow) a été faite en privant des singes nourrissons de tout signe de reconnaissance, y compris les négatifs. Ces pauvres petites singes ne connaissaient même pas les marques de mépris, de haine. Pendant leurs premières années, ces bébés n’ont reçu aucune marque d’attention, et encore moins d'affection. En comparant leur développement à celui de nourrissons ayant reçu des signes de reconnaissances positifs ou négatifs, la conclusion était posée : il vaut mieux un signe de reconnaissance même négatif plutôt que l’ignorance totale.
En observant les enfants d'orphelinats roumains pendant le régime de Ceausescu, il a été également prouvé que les signes de reconnaissance positifs tels que des regards, des mots doux, des sourires, des caresses étaient juste nécessaires au développement du langage, de la marche, de la croissance physique et psychique, du développement des fonctions cognitives chez l'être humain. (Une horreur sans nom pour tous les orphelins privés de toutes ces attentions.)
Et au travail, quelle place prennent les signes de reconnaissance ?
Au travail, un employé qui ne reçoit aucune reconnaissance se meurt à petit feu. Cette indifférence peut générer un état d’épuisement sévère. Cet état de fatigue n’arrive pas d’un seul coup. Il s’immisce dans son quotidien très sournoisement. Je dirais qu’on ne le voit pas venir. Il s’agit d’une fatigue sur 3 plans en même temps : physique, mental et émotionnel.
Nous ne savons plus quelle valeur a notre travail.
Nous nous investissons parfois de manière démesurée pour compenser ce manque de lecture de notre valeur professionnelle. Nous nous épuisons, car notre énergie est gaspillée à nous poser des questions sur notre légitimité, notre niveau, notre efficacité, notre valeur. Nous sommes perdus, nous doutons de nous, nous perdons confiance. Nous remettons toutes nos certitudes en question et le plus souvent, nous nous dévalorisons sans raison. Nous nous questionnons également sur les intentions de notre hiérarchique qui nous manifeste autant d'indifférence : qu'est-ce que mon patron pense de moi et de mon travail ? Est-ce que je suis encore à la hauteur ? Quelles sont ses intentions à m'ignorer de cette façon ?
Sur le plan physique, le déséquilibre qui se produit avant l’épuisement prend une forme d’usure. Il y a perte d’énergie, de vitalité. S’ensuit une perte de motivation, de concentration.
Je ne suis pas thérapeute et je ne vais certainement pas vous expliquer comment sortir d’un épuisement physique, mental et émotionnel. En revanche, je souhaite attirer l’attention sur des points qui me semblent importants à prendre en compte si nous ne voulons pas tomber dans l’épuisement. Prévenir plutôt que guérir, c’est un peu l’idée que je souhaite développer ici.
1. En prendre conscience est déjà un énorme pas en avant. Car cette prise de conscience permet de rectifier le tir. Cela permet de rester actif et conscient des besoins, de manière à réagir et à avancer pour subvenir à ces besoins.
2. L'étape suivante consiste à "réclamer" les signes de reconnaissance auprès du manager, en lui demandant par exemple une entrevue pour évoquer ses besoins.
Vous manquez de reconnaissance au travail ? Avez-vous exposé les faits avec votre hiérarchie ? Avez-vous expliqué que vous manquez de repères, que vous souhaitez savoir où vous en êtes ?
Si vous ne l’avez pas fait, quelles sont les raisons qui vous poussent à vous taire ? Quelles sont les émotions qui se manifestent lorsque vous imaginez exposer votre besoin à votre hiérarchie ? Qu’est-ce que vous risquez de perdre en restant dans le silence ?
3. Et j'ajouterais ici une idée que moi manager, je pouvais apprécier de la part de mes équipes. Si vous donnez des signes de reconnaissance positifs à votre patron, soyez sûr qu'il réagira positivement. Il saura vous gratifier également. Il ne s'agit pas de "cirer les pompes" de votre chef, il s'agit de lui dire ce que vous pensez réellement de ce qu'il entreprend avec vous, avec authenticité et bienveillance. Un feedback est toujours bien accueilli, et même s'il est question de quelques points d'amélioration, au moins, il saura où il en est avec vous. Et de cette manière, il sera plus alerte à vous donner à son tour un feedback.
Et vous, manager, à quel point êtes-vous sensible aux signes de reconnaissance ?
Si vous êtes un manager, quelle importance accordez-vous aux signes de reconnaissance pour vos équipes ? A votre avis, quels sont les bienfaits pour vos équipes à le faire de manière régulière et sincère ?
Pendant ma formation, nous avons fait un exercice extrêmement bienfaiteur et simple autour des signes de reconnaissance positifs. Pendant 10 minutes au moins, en groupe de 5 ou 6, nous nous sommes donné des signes de reconnaissance à tour de rôle. Je peux vous assurer que cette expérience toute simple a été une clé pour la suite de notre formation. Notre énergie a été décuplée au bout des 10 minutes. Nous étions remplis de gratitude, gonflés à bloc en termes d'envie, d'énergie créatrice. Nous avons poursuivi la formation avec une concentration et une motivation incroyable. La confiance entre nous et en nous-mêmes a été également décuplée !
Tentez l’expérience avec vos équipes, et observez les changements qui s’opèrent en eux, entre eux, entre eux et vous, en vous. Vous stimulez toutes les émotions positives, votre cerveau est nourri et votre comportement devient juste, efficace. Vous développez votre performance et celle de vos équipes.
Ce n’est pas de la magie, c’est juste un basique du management performant et humain.
Je vous envoie mon signe de reconnaissance pour avoir lu cet article et peut-être d'autres encore au travers de cette image !!!
La Bruyère a dit : "Il n'y a guère au monde un plus bel excès que celui de la reconnaissance."
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