On dit que donner le droit à l’erreur est la preuve d’un management bienveillant.
Mais dans les faits, combien de patrons tolèrent sincèrement l’erreur, l’échec ? Je pose la question en toute bienveillance, car parmi tous les managers, qui s’autorise à se donner à soi-même le droit à l’erreur ?
Si nous sommes authentiques avec nous-mêmes, il est bon de reconnaître que d’accorder le droit à l’erreur est difficile quand nous nous sentons concernés par la réussite, le perfectionnisme, le succès. Ça tique quelque part quand un de nos employés commet une erreur, ou quand nous-mêmes commettons une bourde. Nous voyons passer plusieurs sentiments qui peuvent aller de la simple gêne à la grosse honte.
Je vais vous donner un exemple. Je suis une personne perfectionniste. Je cherche toujours à faire de mon mieux, avec cette intention perverse de faire mieux que mieux. Je pense pouvoir être irréprochable et une personne sur qui n’importe qui peut compter. J’ai cette croyance aussi bien à la maison qu’au travail. Je pense être quelqu’un de très fiable.
Je suis donc constamment soumise à la pression, que je me mets toute seule, évidemment. Mon ego prend beaucoup de place à ce moment-là. Il pense être infaillible. Je suis le cliché de la super woman qui veut tout réussir, partout et tout le temps. Est-ce que je m’accorde le droit à l’erreur ? Pas vraiment, si je veux être honnête avec moi-même. Comment je le sais ? Il suffit de m’imaginer me tromper et de constater ce que je ressens dans mon ventre : du stress, de la honte, de la culpabilité.
Cette façon de me comporter me rend au final fragile. Je me sens blessée à la moindre critique et j’ai l’impression que les autres veulent me détruire. Je suis loin d’être heureuse quand je fonctionne de cette façon.
Les années passant, je prends quelques claques au gré de mes formations, de conférences où je m'aperçois de tout cela. Je me réveille un matin en me disant, « tiens, me tromper a quelque chose de merveilleux, je peux être davantage bienveillante avec moi-même. Humm, je me sens plus légère, moins tendue devant l’erreur potentielle, face à l’imperfection inévitable. » Je découvre le vrai sens de la vulnérabilité.
Au lieu de m’agiter dans tous les sens à essayer de tuer cette possible vulnérabilité, à éviter de réfléchir et à ne surtout pas entrer en contact avec mes émotions négatives, je peux tout simplement accepter ma vulnérabilité, mes failles. Rien que de l’écrire me fait du bien. Je ressens de l’apaisement. Je me donne le droit de me tromper. Et surtout, je travaille là-dessus tous les jours, à chaque instant.
Conséquence, j’ose faire des choses que je n’aurais jamais faites avant, comme parler de moi de cette manière sur les réseaux sociaux ou sur mon site internet.
Il s’agit de s’accepter comme on est, d’accepter nos émotions, elles font partie de nous. Il s’agit d’oser dire qu’on est fragile, et accepter d’être aimé et de s’aimer suffisamment.
Et quand nous réfléchissons bien, qu’est-ce qui nous empêche d’être vulnérable, c’est la honte. La honte de se tromper, la honte de paraître ridicule, la honte de l’échec, la honte de prendre des risques.
Cette honte peut nuire à notre parcours professionnel, comme à notre bonheur privé. La honte nous empêche d’agir, d’oser. Nous passons à côté de succès époustouflants. Nous nous privons d’originalité, de notre vraie identité.
Une façon de fuir la honte, c'est d'avouer notre erreur, même si sur le moment, cet aveu peut faire trembler les murs. Cela sera momentané et bien plus court que la honte qui trainera bien trop longtemps dans notre esprit, notre corps et notre cœur.
Et imaginons donner le droit à l’erreur à notre collaborateur. Le soir, avant de partir, nous lui demandons : "alors quelle erreur as-tu commise aujourd’hui ?". Qui serait capable de poser cette question ?
Faire preuve de vulnérabilité donne le ton. Notre équipe fera la même chose, elle fera preuve de vulnérabilité. Et de cette façon, elle osera prendre des risques, elle osera être plus créative, elle osera tester de nouvelles choses. Tout cela pour la mener vers la réussite, vers le succès ! Elle se donnera finalement des chances de faire mieux.
En conclusion, sans honte, je n’ai plus peur de l’échec. La vulnérabilité vient me donner le droit à l’erreur. Je lui parle, je la prends au sérieux et surtout, je lui laisse prendre sa place. Elle m’ouvre les yeux sur mes vraies peurs. Je peux oser faire ce que j’avais en tête. Je me respecte et je suis alignée par rapport à mes engagements, ma créativité. Guérir de la honte, c'est accepté d'être vulnérable.
J'ai regardé une conférence de Brené Brown qui parle de courage. Elle clame haut et fort qu'on ne peut pas être courageux sans être vulnérable.
La vulnérabilité n'est pas de la faiblesse, c'est le meilleur moyen de mesurer notre courage. S'exposer ! Professionnellement, la vulnérabilité est importante pour l'innovation : pas de tolérance à l'échec, pas d'innovation, pas de créativité !!!
Brené Brown a dit : "Osez, faites, soyez vu et répondez à l'appel du courage car vous le méritez. Vous méritez d'être courageux."
Et c'est tellement vrai quand on travaille avec de jeunes enfants. La gestion de l'erreur est au cœur de notre pédagogie aussi.