J’ai été manager dans le commerce pendant 20 ans dans de grandes enseignes nationales. J’ai été au cœur du système de l’entreprise et j’ai connu en tant que manager beaucoup de situations compliquées liées à une communication difficile voire parfois impossible entre les collaborateurs, entre collègues ou entre hiérarchiques.
En tant que manager, j’ai commis des erreurs dans ma compréhension de l’autre. J’ai fait des suppositions, des interprétations qui avec le recul étaient fausses. Rétrospectivement, je comprends où j’ai commis mes erreurs de jugement, de management, de communication.
Je le sais grâce à mon apprentissage de l’ennéagramme. C’est un outil de connaissance de soi et de compréhension des autres tellement puissant que je ne comprends pas qu’il ne soit pas aujourd’hui obligatoire de travailler avec dans les entreprises. Oui, je sais, je suis un peu extrême, quoique !!!
Une chose est sûre, c’est que si j’avais eu cet outil entre les mains il y a quelques années, j’aurai certainement agi différemment dans bien des situations. J’aurais eu davantage confiance en moi en commençant mon métier de manager. J’aurai mieux compris les comportements de mes collègues souvent différents des miens, j’aurais mieux discerné leurs préoccupations différentes des miennes. En tant que hiérarchique, j’aurais adopté une autre manière de communiquer, plus appropriée à la personnalité de mes subordonnés. En tant que subordonnée, j’aurais mieux accepté les feedbacks de certains de mes chefs. Et surtout, je me serais sentie comprise dans mes particularités, mes différences.
Tout ça peut vous paraître bien vague. Pour illustrer mes propos, je vais m’inspirer d’exemples vécus que je vais faire passer au travers du filtre de l’ennéagramme.
Il était une fois…
… une entreprise dans laquelle travaille une centaine de salariés. Tout se passe plutôt bien en surface, mais le cas de Justine et des ses proches collègues mérite d’être exposé.
Justine est salariée dans cette entreprise depuis 3 ans. Elle s’y sent bien, mais plusieurs incompréhensions viennent la bousculer dans son quotidien. Elle adore son entreprise qui prône des valeurs très fortes comme la responsabilité, la bienveillance, le respect, l’entraide. Elle est sérieuse, appliquée et consciencieuse. Son patron Henri ne se plaint jamais de son travail, d’ailleurs, il ne la félicite pas non plus. Justine en souffre, car elle a besoin de signes de reconnaissance. Elle donne tellement à son patron de son temps, de son énergie. Elle anticipe chacun de ses besoins, mais elle semble lui être complètement transparente. Elle ne comprend pas qu’il ne lui donne jamais de signe de reconnaissance, qu’il ne soit pas davantage attentif à elle.
Il est vrai qu’Henri est rarement présent dans son entreprise. En tant que directeur général, il est souvent en déplacement. Sa présence au bureau se résume à quelques jours par mois, pendant lesquels, il a à cœur de célébrer toutes les belles victoires de l’entreprise, l’arrivée de nouveaux clients qu’il va démarcher dans des salons en France, à l’étranger. Il peut parfois manquer de tact quand il s’adresse à ses collaborateurs, il a un côté impressionnant, intimidant. Justine redoute parfois ses colères même si elles sont la plupart du temps justifiées. Il sait qu’il peut compter sur son équipe qui prend en charge le quotidien, comme les finances, la gestion, le marketing, la production…
Son bras droit, Noémie, est une femme droite, efficace, qui va droit au but, qui écourte toutes les réunions qui ont tendance à se prolonger. Elle est rapide, vive et donne cette image de glaçon à Justine. Elle impressionne d’ailleurs beaucoup de collaborateurs dans l’entreprise. Justine ne comprend pas non plus comment elle peut être heureuse dans sa vie en étant aussi distante.
Et Serge, directeur marketing, tente de trouver sa place dans cette équipe qu’il a rejoint il y a quelques mois. Il fuit toute forme de conflit car pour lui, il est impossible de prendre partie lors d’échanges houleux qui surviennent parfois au sein du CODIR. Il passe pour l’absent, le lent, et pourtant son travail est bien fait ; grâce à ses connaissances, Henri cible parfaitement ses salons. Justine se sent en phase avec Serge, elle le comprend et ils se reconnaissent. C’est étrange, ils ne savent pas vraiment pourquoi, mais ils savent qu’ils sont sur la même longueur d’onde.
Justine travaille avec chacun, car en tant qu’assistance de direction, elle est partout. Elle est au courant de beaucoup de dossiers et elle souhaite d’ailleurs pouvoir aider chacun des membres du Codir dans la mesure du possible.
Et si la réalité n'était pas celle qu'on croit ?!
Toute cette description peut complètement changer sous le prisme de l’ennéagramme. En réalité, il s’agit de changer de paire de lunettes. L’ennéagramme nous explique qu’il existe 9 manières différentes de voir une même réalité. Nous portons tous une seule paire de lunettes qui déforme cette réalité. En effet, notre vision de la réalité n’est que partielle, c’est comme si nous voyons qu’un neuvième de la réalité.
Il est évident que nous voyons flou !
Changer de paire de lunettes revient à comprendre pourquoi nous n’avons pas les mêmes réactions, les mêmes préoccupations face à un même évènement.
Et si on changeait de paire de lunettes ?
Si je repasse mon histoire sous le prisme de l’ennéagramme, voici ce que ça donne.
Justine a le pouvoir de déceler les besoins chez les autres mieux que la majorité de ses collègues et elle croit que tout le monde a cette capacité. Avec l’ennéagramme, elle découvre que ce n’est pas le cas et elle comprend mieux pourquoi elle ne reçoit pas des autres ce qu’elle est capable de leur donner. Elle comprend enfin que les signes de reconnaissance de son patron s'expriment différemment de ce qu'elle attend. Et pourtant ces signaux existent réellement. Elle sent un apaisement au fond d’elle-même qui lui permet finalement d’être plus à l’écoute de ses propres besoins et étrangement à ceux des autres aussi.
Henri est capable de dépenser une énergie de dingue pour protéger son entreprise, et il sait à qui il peut faire confiance. Il sent que son rôle est de foncer, d’être direct et il sait qu’il peut s’appuyer sur des personnes compétentes, entre autres Justine qui semble nager comme un poisson dans l’eau. Elle n’a pas besoin de lui, donc, il se concentre sur ceux qui ont besoin de soutien pour que toute l’entreprise puisse fonctionner. Il regrette de ne pas pouvoir passer plus de temps avec chacun, mais le monde extérieur est une jungle et il est de son devoir de l’affronter. Grâce à l’ennéagramme, il apprend à mettre de l’eau dans son vin et à prendre un peu plus de recul face aux situations. Il gère beaucoup mieux son impulsivité et il comprend l’impact qu’il peut provoquer chez les autres.
Quant à Noémie, elle comprend que pour s’adapter aux attentes d’Henri, il est indispensable d’être la plus efficace possible. Et d’ailleurs, selon elle, tout le monde devrait cultiver cette efficacité. Et pour mieux y arriver, se couper de ses émotions est primordial. Chaque chose en son temps et pendant les heures de bureau, il est impensable de se laisser submerger. Elle se protège de toute distraction que ses émotions pourraient provoquer. Grâce à l’ennéagramme, elle comprend pourquoi elle donnait une image de froideur et de robot. Elle apprend à assouplir sa connexion avec ses émotions et son entourage la découvre sous un autre jour, ce qui lui facilite finalement son travail au quotidien.
Enfin, Serge comprend le décalage de ce qu’il se passe en lui et l’image qu’il renvoie. Il apaise ses collègues et pourtant à l’intérieur, il est comme un volcan en ébullition. Personne ne se doutait de ce qu’il pouvait vivre au fond de lui. Il comprend qu’à force de fuir les conflits, il les provoque. Il a le cœur sur la main et sa relation avec Justine prend tout son sens. Ils sont tous les deux orientés vers les autres pour leur venir en aide, apaiser des relations, harmoniser une ambiance.
L'ennéagramme a permis à chacun de prendre un recul significatif sur son comportement, sa posture, sa communication. En même temps, cet outil a permis à chacun de mieux comprendre les différences, les préoccupations des collègues et la motivation qui se cache derrière les actions au quotidien.
Grâce à ce travail en collectif, l'entreprise a retrouvé une certaine harmonie et le personnel a gagné la qualité de vie au travail nécessaire à une performance économique et sociale durables.
En conclusion :
Pour conclure, l’ennéagramme est un outil idéal pour nous donner des clés de lecture de situations, de relations, de communication, bref, de personnalités. Il permet réellement de mettre un sens derrière chaque réaction automatique, derrière un comportement qu’on ne comprend pas de prime abord.
Je le recommande pour toutes les équipes qui travaillent ensemble pour harmoniser les relations, pour mettre un interprète devant les comportements, les réactions spontanées.
Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Bouddha a dit : "Le monde apparaît à travers nos sens. Avec nos réactions nous créons des illusions. Sans nos réactions, le monde devient clair."
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